Débriefing
Lorsque l’on se revoit avec Vincent, nous faisons un débriefing de l’après-première séance. Il me dit qu’il y a peut-être du changement et cela est pour lui de l’ordre de l’inconscient. Il n’arrive pas à dire quoi… En tout cas l’entourage a vu une différence.
Je lui fais également mon retour de 1ᵉʳᵉ séance et lui relève qu’il me semble que Vincent se connaît peu. Il me répond que c’est juste. Je lui demande alors qu’est-ce qu’il veut travailler aujourd’hui. Il dit qu’il veut laisser faire…
Il est marrant Vincent, il vient, il ne sait pas pourquoi et compte sur moi 😉
Je reviens sur la métaphore du chêne et lui demande ce qu’il en retient après ces 4 semaines de travail inconscient et profond. Il me répond qu’il se souvient des racines cassées, de tout ce qui sépare le chêne de son environnement.
Je lui rétorque : « et en même temps de tout ce qui le lie » (je veux parler des racines des autres arbres qui prennent le relais s’il y a cassure, séparation !)
Il me dit que depuis la séance, ce qui a changé, c’est qu’il essaie de faire ce qu’il a envie , et non plus ce qu’on attend de lui.
Il est en accord avec ça. Il ressent une certaine liberté.
Dans nos échanges, le mot SÉPARATION ressurgit et Vincent se met à pleurer.
Il y a vraiment quelque chose à faire avec ça. Je lui demande si les larmes ont toujours été présentes lors de chaque séparation ou s’il y en avait une en particulier qui aurait été le déclencheur ?
Il ne sait pas… Je lui demande s’il a peur de revivre une autre séparation ? S’il anticiperait inconsciemment une crainte d’être séparé. Il me Répond que oui !
Il a peur de disparaitre et laisser ses siens. On y est !! !
A force de creuser, on trouve un sentiment de culpabilité en imaginant laisser ses êtres chers. Et une colère vis-à-vis de l’abandon vécu à la naissance.
Ce qui m’interpelle dans nos échanges, c’est que Vincent a reçu son dossier d’adoption depuis 15 jours mais il ne l’a pas encore ouvert. Pourtant, il y a peut-être des réponses à ses questions.
Pourquoi ?
Y-a-t- il une peur derrière ?
Il me dit oui, il y a une appréhension. Pourtant, il me dit que ça ne changera pas sa vie (seulement un changement de perception, peut-être….)
Je reviens sur sa 1ère métaphore : » JE VOUDRAIS AVOIR UNE BOUÉE POUR COMPRENDRE POURQUOI JE ME SUIS NOYÉ »
Il ne sait pas pourquoi cette métaphore est sortie lors de notre premier entretien. Je lui demande s’il a l’impression de « s’être noyé » dans sa vie ?
S’il a l’impression de s’être perdu ?
Il pense que non. Il est curieux de comprendre…
Ne trouvant pas d’objectif pour cette séance, je lui propose alors de s’installer dans le fauteuil
Dans le fauteuil
Une idée me vient… S’il ne sait pas consciemment ce qu’il cherche, une partie de lui doit savoir… Vincent est confortablement assis dans le fauteuil.
Je lui rappelle que lorsque j’évoque le mot » SÉPARATION » il y a des larmes qui montent. Il acquiesce.
Je lui demande alors s’il y a quelque chose qui se passe dans son corps ?
Il y a le mot « MORT « qui arrive.
Je lui demande de m’expliquer.
Vincent me dit « oui, je pense à ma mort. » Il se met à pleurer.
Je lui demande « Qu’est-ce qui te rend triste comme ca ? «
« c’est de ne plus voir les autres « me répond-il.
je lui demande s’il croit en autre chose après la mort ? Il me dit que oui.
Il pense pouvoir Revoir ses êtres chers après …
Je lui dis « Alors, pourquoi finalement cette tristesse ? » Il ne sait pas….
Nous allons alors travailler à un autre niveau.
Une induction douce et progressive est proposée à Vincent car il me parle d’imaginaire et de mondes différents. On en vient à un voyage dans le temps.
Je lui propose alors ce fameux moyen « FAIRE COMME SI… «
« COMME SI » Vincent pouvait tenir dans ses mains un album photo. Cet album qui renfermerait toutes ses photos, celles qui racontent son histoire .
Alors Vincent fait « comme si » .
Après une induction profonde Vincent parcourt ce gros livre et me dit que ça n’est plus des photos qu’il voit mais un film . (une aubaine pour moi car je pressens que je vais pouvoir lui proposer une double dissociation )
Il voit une scène en particulier, une période difficile. Je lui demande s’il se voit à l’intérieur de la scène ou de l’extérieur. Il me répond en dehors de l’écran.
Je lui demande alors de faire comme s’il était installé dans un fauteuil de cinéma et qu’il regarde le film à l’écran. Il arrive à faire. Vincent me décrit le fauteuil rouge dans lequel il est assis et ne semble pas seul dans cette salle de cinéma. Peu importe, ça ne le gêne pas. Il visionne plusieurs films souvent parlant de l’Asie, puis d’autres…
Soudain, Vincent me demande de charger de salle. Pourquoi pas ?
je lui suggère alors de s’asseoir dans le fauteuil de son choix et de pouvoir apercevoir dans un angle de la salle, la cabine de projection.
C’est fait.
Puis je lui suggère de visionner une scène de sa vie. Il en voit plusieurs. Comme un diaporama, me dit-il.
Alors je lui demande de faire comme s’il se dédoublait pour aller dans la salle de projection. c’est ok.
Il peut voir seulement « le Vincent » assis dans le fauteuil, et par contre n’a pas de visibilité sur l’écran de cinéma.
Vincent va alors jouer avec les boutons, les manettes pour transformer une partie du film. Par exemple, la mettre en noir et blanc, l’accélérer, la reculer, la flouter, etc… tout en regardant le visage du « Vincent assis », imperturbable, en sécurité.
Un travail se fait… Il modifie, il transforme…
Enfin, les changements opérés, il retourne à sa place et retrouve « Le Vincent assis » dans le fauteuil.Il peut désormais visionner son film et même le lancer avec la télécommande accrochée au fauteuil.
Tout se fait en sécurité.
Le film est passé déroulé, Vincent a tout vu… LA SÉPARATION , LES AUREVOIRS avec sérénité et acceptation…
c’est ok pour lui.
Après ce long travail, je peux donc faire revenir Vincent progressivement dans un état de pleine conscience.
Vincent sort de l’état d’hypnose…